Revue : Obduction, le successeur spirituel de Myst

Ca y est, je peux enfin jouer à Obduction 🙂 Pas que je ne l’avais pas avant, mais j’ai du changer de carte graphique pour pouvoir réellement en profiter !

Alors avant d’entrer dans le vif du sujet, Obduction c’est quoi ? C’est le dernier né du studio Cyan Inc, ceux qui sont à l’origine de Myst et Riven, deux références dans le genre du puzzle gaming. Obduction s’est concrétisé avec une campagne Kickstarter qui a démarré en octobre 2013, pour une sortie fin août 2016. On pourra dire qu’il s’est bien fait attendre, surtout qu’il a été plusieurs fois retardé. Mais c’est de loin préférable à sortir publiquement et au prix fort un jeu pas fini et buggé de partout (;) E.A.).

Mal de mer dans le désert

Mes premières séances ont été assez mitigées, en raison d’un mal de mer qui arrivait assez rapidement et devenait insoutenable au bout d’une heure seulement de jeu, m’obligeant à interrompre plusieurs heures le temps d’avoir de nouveau les yeux en face des trous. Il y a dans les paramètres graphiques une option nommée « FoV » ou Field of Vision ou champs de vision en français. Ce paramètres, responsable de l’angle de vue horizontale (jusqu’où on peut voir de part et d’autre de l’écran) était fort mal positionné et était la cause de mon malaise.

On l’appelle le motion sickness en anglais et du au fait que le cerveau voit un mouvement mais qui ne colle pas avec l’oreille interne qui ne le perçoit pas (le mouvement). C’est assez symptomatique des écrans PC car du fait de leur proximité, ils recouvrent une grande partie de notre champs de vision. Nofrag explique cela très bien, mais ce qu’il faut retenir pour éviter une séance de vomito est que sur un écran 16/9, on réglera le FoV à 102°.

It’s over 9000 !

Toujours sur la partie graphique, on relève une consommation extrêmement important de la mémoire vive par le jeu. J’ai atteint lors d’une séance 8Go de RAM intégralement bouffé par le jeu. C’est énorme ! Heureusement que j’ai une bécane à 16Go (pour les machines virtuelles). Peut-être que le jeu se comporte à la façon Linux et consomme autant qu’il peut tant qu’il y en a puis relâche la RAM si on lui met la pression ? Que neni mon ami, au bout d’un moment j’ai la fenêtre d’avertissement de Windows me suppliant de fermer une application, suivi un peu plus tard d’un force close du jeu.

Les contrôles

On dispose de plusieurs manières de se déplacer dans le jeu, avec la manette ou avec le couple clavier/souris, en vue libre (style FPS) ou en se déplaçant de nœud en nœud (à la manière de Riven ou Myst 3). En bon excellent joueur, j’ai naturellement choisi le combo clavier-souris mais (et là c’est totalement con, mais alors totalement) il est impossible de changer la configuration des touches au clavier. Le clavier est donc mappé pour un joueur américain (clavier qwerty) et droitier. Je suis ni l’un, ni l’autre. On peut contourner le problème du qwerty en passant à un clavier International sous Windows, mais n’empêche que ne pas avoir laissé la possibilité de modifier les touches… ça me laisse sans voix.

Pour ce qui est d’être gaucher, le jeu propose d’utiliser les touches fléchées mais le mapping est différent. Pour les droitiers, Q et D permettent de se déplacer sur la gauche et sur la droite respectivement, pour les gauchers, les flèches permettent de regarder sur la gauche ou sur la droite. Je n’ai pas compris cette différence de traitement discrimination mais ce n’est vraiment pas pratique, à croire que les gauchers sont détestés chez Cyan…

C’est de l’art

Le jeu suit la même patte graphique que Firewatch ou Team Fortress 2, c’est à dire réaliste-cartoon. C’est pas dégueulasse même si j’aurais préféré miser sur un rendu beaucoup plus photo-réaliste, comme Riven ou Myst 5 en leur temps. Ca aurait dépoté ce jeu avec un rendu Crysis non ?

L’effet visuel lors d’un voyage avec une graine est tout simplement dégueulasse. Sans compter que ce genre d’effet est horrible à gérer par le GPU car chaque point de couleur est géré de manière individuel et on est loin de la norme à ce propos. Je n’ai pas ressenti de ralentissement parce que GTX 1060 oblige, mais il y a pas mal de GPU plus modestes qui ne vont pas apprécier…

Un autre point négatif sont les vidéos incrustées. Sauf celles concernant C.W. lorsqu’il est enfermé dans sa cave, toutes les vidéos sont fortement parasitées avec un filtre de type mauvaise réception TV avec signal analogique. Je me demande si cela n’a pas à voir avec l’incrustation elle-même car mon plus gros reproche concerne les vidéos de C.W.. L’incrustation est juste immonde… Pondre un truc comme ça aujourd’hui… c’est moche, très moche, en particulier au niveau des cheveux.

Vidéo de C.W. incrustée dans le jeu
Vidéo de C.W. incrustée dans le jeu

En revanche, la gestion de la modélisation 3D au niveau des racines, et plus spécifiquement lors du passage d’une racine à une autre en passant par le « couloir » m’a complètement bluffée. Je ne comprends absolument pas comment cela a été codé, mais pour le coup, c’est totalement magique 🙂

Sous l'arbre, devant l'espace - Obduction
Sous l’arbre, devant l’espace – Obduction
De l'autre côté du miroir - Obduction
De l’autre côté du miroir – Obduction
Changer de monde est aussi simple que passer une porte - Obduction
Changer de monde est aussi simple que passer une porte – Obduction
Où est passé le chemin ? - Obduction
Où est passé le chemin ? – Obduction

Les énigmes

Comme je l’ai annoncé, pas de spoil (enfin aussi peu que possible), donc je ne rentrerais pas dans le détail mais cela n’est pas nécessaire de toute façon. Le jeu commence comme tous les Myst, le joueur est transporté dans un monde avec sa propre physique et son histoire propre; et est totalement livré à lui-même. De manière générale, les énigmes sont sans être limpides, pas très difficiles. On évitera néanmoins de faire des séances nocturnes car il faut tout de même prendre le soin de ne pas oublier les indices inutilisables sur le moment pour éviter de se retrouver bloquer. Le jeu se termine en une petite quinzaine d’heures, qui passent très vite.

On est loin de l’énigmes des billes de Riven à placer dans le dôme dorée. Obduction nous offre des portes bloquées de l’autre côté, des manivelles, des interrupteurs, quelques livres et c’est à peu près tout. On passe le plus clair de son temps à faire une balade forcée d’un bout à l’autre de l’univers parce que ce que nous propose Cyan est grand ! Cela devient ennuyant lorsque l’on sait ce qu’il faut faire et ce que cela nécessite en terme de course à pied. Oui joueur, tu vas courir, et même battre le record de Usain !

Le déroulement est également très linéaire. Le monde est ouvert et on se baladera souvent un peu partout lorsqu’on ne sait pas quoi faire, mais il n’existe souvent qu’un seul enchaînement d’action permettant de débloquer une nouvelle zone. On remarque ce manque de liberté qui est surtout présent tout au long du jeu mis à part lorsqu’il devient possible d’avancer dans la jungle où on dispose alors de deux enchaînement au lieu d’un. Wahouu !

J’aurais relevé un curieux défaut scénaristique qui est l’accès au bleeder. De temps en temps, l’accès se débloque petit à petit, presque magiquement. Il n’y a absolument personne mais des wagons se mettent à disparaître. Et tout d’un coup, lorsque C.W. en fait mention, l’accès est miraculeusement ouvert. Le problème de cet accès est qu’un aller prématuré au bleeder ruine le jeu car il déclenche les cinématiques de fin.

Conclusion

Ce jeu m’a assez bien plu mais en vétéran de Riven, je reste sur ma faim. Les graphismes sont cartoons, ce qui permet de lisser le manque de détails et les énigmes sont relativement simple, mis à part le 406 (non, je ne dirais pas ce que c’est), ce jeu se fait assez directement.

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